INTERVENTION CATHOLIQUE
C’est " chemin faisant " que pour la 4ème année, nous nous retrouvons ensemble dans ce lieu.
Les
différentes rencontres de cette semaine nous ont montré, aux
uns et aux autres, nos priorités. Mais, si nos chemins sont partiellement
tracés par la force de nos institutions, de nos religions ou tout simplement
de l’histoire, nous avons, cependant, pris le temps de nous arrêter
pour regarder l’autre, l’approcher, lui parler, chercher à
mieux se comprendre et s’aider à poursuivre notre route.
Si nous savons, que nous ne pouvons pas vivre uniquement par des
lois, ou par ceux qui s’y réfugient pour que notre monde soit
meilleur. Il est important, que, comme un certain Samaritain, dans le déroulement
de nos vies nous osions:
- prendre du retard
sur des objectifs à atteindre, voire les abandonner.
- braver le regard des autres,
- avoir des initiatives en ne se réfugiant pas systématiquement
derrière des traditions.
Mais il y a une Tradition qui n’épargne personne ; elle est noble. C’est celle qui interroge l’homme, le rend curieux et le remet en cause. Cela s’appelle la loi du cœur.
Nous
pouvons ainsi prendre conscience de nos limites, de notre incapacité
à vivre seul, que l’accompagnement d’un autre puisse nous
aider à nous surpasser.
Cependant cette ouverture à un Esprit qui englobe l’univers,
ne peut se faire que dans un échange, une recherche avec toutes les
personnes de bonnes volontés.
Ne soyons pas de ceux qui se donnent bonne conscience en faisant exclusivement des prières ou en se réunissant simplement pour parler d’un sujet qui restera sans lendemain. N’attendons pas non plus l’encouragement de ceux qui nous gouvernent ou censés nous guider. Vainquons nos timidités, nos peurs ! Sortons de nos tombeaux et retrouvons le jardin perdu… .
Certes, sur le chemin de nos vies, nous rencontrerons de nombreux guides, mais tous n’ont pas la même valeur. Parfois cela nous semblera alléchant, merveilleux, réaliste, mais ils ne seront là que pour nous entraîner sur leurs chemins ; ceux qui divergent, éloignent les uns des autres pour mieux détruire. Par contre, en mettant en commun nos expériences nous pourrons trouver Celui qui rassemble à l’image d’un Père qui invite tous ses enfants dans le respect des personnalités multiples à ne faire qu’une seule famille.
Voilà ce que depuis 4 ans nous essayons de construire. Nous ne cherchons pas les uns et les autres à cultiver une ambiguïté dans nos différences. Mais nous prenons conscience que si demain puisse être plus beau, nous devons nous aider à atteindre l’unique SOMMET.
Aussi nous vous invitons "chemin faisant" à nous rejoindre sur les sentiers qui convergent vers l’UNIQUE.
Personnellement, inspiré par la pensée du Père Pierre Teilhard de Chardin, je redis : « Tout ce qui monte converge ». Au sein de ma communauté Catholique, je prends l’engagement de favoriser, promouvoir d’autres rencontres semblables à celles que nous avons connues à Molliens-Dreuil cette semaine.
Le curé
de la paroisse
Jean-Pierre DALIBOT
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Chemin
faisant ...,
Juifs, Bouddhistes, Catholiques, Musulmans, Orthodoxes, Protestants,
qui
sommes-nous ?
Rencontre
à Molliens-Dreuil
30 avril 2006
INTERVENTION
MUSULMANE
Expérience
de l'interreligieux
Réunis
à Conty, autour de Monseigneur Noyer, en l'année 2002 à
l'occasion des championnats du monde d'attelage, juifs, chrétiens,
musulmans, et bouddhistes se sont déplacés pour la première
fois à l'extérieur des grands centres urbains pour partager
un de ces temps forts dits de l'interreligieux.
La manifestation à produit tous ses effets à savoir
: celle de démontrer à l'assistance nombreuse, qu'il est possible
et réconfortant de vivre tous ensemble un même bonheur, quelle
que soit son origine, quelle que soit sa foi et quelles que soient ses croyances.
L'Équipe du foyer St Martin de Molliens-Dreuil et les
membres de l'exposition biblique, forts des nombreux encouragements se sont
ouvert à l'idée de poursuivre, avec l'accord du père
évêque, la réalisation de tels événements.
La cité de Molliens-Dreuil, avec son église et
son foyer, fut choisie pour servir de point d'ancrage à nos rencontres
ultérieures. Et depuis, chaque année, nous nous tenons à
sa porte attendant d'elle, qu'elle nous offre une place.
De cette petite place offerte en son sein, surgit une ardeur
de vie universelle. Comment ne pas souscrire à ce vouloir vivre ensemble,
qui peut emprunter des formes innombrables, mais dont le thème réside
dans le respect de la dignité humaine et de la vérité
de l'autre ?
Ainsi, la nature de nos retrouvailles, s'est déclinée
comme une quête de paix et d'espérance. Aspirant à être
artisans de paix, nous nous sommes mis au service de la paix, pour que vienne
la paix et nous nous sommes interrogés :
- La paix est-elle encore possible ?
- Quelle espérance pour l'humanité ?
- Marcher ensemble vers quoi ? comment ? Avec qui ?
Nous mesurons à l'aune de cette bourgade et de son clocher,
cristallisation d'une France laïque et républicaine, le chemin
parcouru et l'immensité de la tâche qui nous attend pour faire
partager au reste de notre planète, la joie de délivrer ensemble
un message d'amour et de fraternité.
L'important est que nous ayons pu, tous ensemble, concevoir
et poursuivre une démarche dont la perspective est d'accueillir le
sens de nos récits fondateurs comme fécondant un rôle
vivifiant, et inaugurant l'ère d'une humanité heureuse en
harmonie avec son histoire, et ses fins dernières.
L'enjeu de notre petite histoire, réside, à l'évidence,
dans l'ouverture à un avenir serein pour toutes « les familles
de la terre ».
Aujourd'hui encore, Molliens-Dreuil et son église même
sans le balancement des cloches, sonnent, tintent, carillonnent et résonnent
comme un hymne, symbole lumineux d'une ouverture à cet avenir serein.
Moussa ABDELLATIF
Depuis
2002 je suis intervenu chaque année pour expliquer la religion juive
aux paroissiens de Molliens Dreuil. Très rapidement, des liens très
forts se sont noués avec les responsables de cette paroisse. En ce
qui me concerne, j'ai l'impression de dialoguer avec des personnes que je
connais depuis longtemps. Chaque année je
retrouve des paroissiens et des paroissiennes déjà rencontrés
l'année précédente et le contact est immédiat
et spontané. Le temps "questions - réponses " est
toujours très intéressant et pertinent.
La réunion du lundi 24 avril a été un moment
exceptionnel. Habituellement l'équipe inter religieuse au complet (environ
5 personnes) participe ensemble, avec un temps de parole limité à
15 ou 20 minutes par intervenant pour ne pas retenir abusivement les invités
- de même le temps "questions-réponses" est également
écourté. Cette réunion a été exceptionnelle
parce que les organisateurs ont compris qu'il fallait beaucoup plus de temps,
d'une part, pour expliquer dans son ensemble et ses particularités
la religion de chacun et d'autre part, prendre davantage de temps pour satisfaire
le désir de connaissance des invités. Et donc, ce lundi 24 avril,
seuls les responsables du Judaïsme et de l'Islam étaient présents,
disposant chacun d' un temps de parole d'une heure et de 30 minutes, pour
permettre de répondre aux nombreuses questions des invités toujours
intéressés par les rites et traditions des autres religions
En ce qui concerne l'avenir, c'est avec plaisir que je m'engage
à continuer à participer autant qu'il me sera possible, et chaque
fois que je serai sollicité, aux activités inter religieuses
de la paroisse de Molliens Dreuil. C'est pour moi l'occasion de retrouver
les responsables et les membres d'une paroisse dynamique, sympathique et chaleureuse.
En un mot c'est un moment de détente et d'échange fructueux.
Lucien MARCIANO
INTERVENTION BOUDDHISTE
Cela
fait maintenant la quatrième année que nous sommes invités
à participer à ce temps d'inter-religion par la communauté
de Molliens-Dreuil.
Nous voulons vous dire le plaisir pour nous Bouddhiste de ce
temps de partage fraternel.
Grâce à l'énergie et la foi de quelques
uns, malgré les difficultés liées aux réticences
ou à l'incompréhension de la démarche, l'interreligieux
existe dans sa forme la plus ouverte et la plus désintéressée.
Aucune des communautés ne désire tirer parti de
ces temps interreligieux pour attirer à soi les projecteurs médiatiques
ou politiques. L'esprit qui anime ce groupe est profondément fraternel
et puise sa joie dans cette fraternité.
Ce temps interreligieux existe donc dans sa réalité
qui nous instruit et pas dans un hypothétique idéal à
venir.
Année après année nous avons constaté un intérêt
grandissant par des questionnements de plus en plus libres, curieux, intéressés.
Année après année on a pu voir grandir
l'attachement que l'on a les uns pour les autres.
La première année nous avons senti que les valeurs
et l'expression du Bouddhisme étaient pour beaucoup d'entre vous
quelque chose de tout à fait nouveau. Au fur et à mesure des
rencontres et des temps interreligieux nous avons perçu que la distance
qui séparait les différents cheminements se réduisait.
De l'étonnement de la découverte de chaque courant
religieux ou de pensée, on passait au rapprochement, à l'interrogation
mutuelle.
Le but
des temps interreligieux est de lever l'ignorance par la connaissance de
l'autre.
La connaissance dissipe l'intolérance et amène
l'apaisement et l'enrichissement mutuel.
De ces rapprochements apaisés naissent de nouvelles envies
de dialogue et d'échanges car on constate que sous des formes, des
expressions qui paraissent parfois différentes, le fond, le cœur
de nos fois respectives se rejoignent dans la Paix silencieuse et heureuse.
C'est un immense espoir pour notre monde qui préfère
tant se diviser.
Mais notre plus grande richesse est encore à venir dans
l'exploration de cet espace commun qui fait écho en chacun de nos
cœurs et qui permet de se nourrir de nos différences.
Pour la communauté Bouddhistes c'est notre souhait le
plus profond et le plus cher.
Hubert Vezier
INTERVENTION PROTESTANTE
L’Église
Réformée de France a toujours vu dans l’interreligieux
une richesse au service de la reconnaissance mutuelle pour un vivre ensemble
harmonieux.
L’Église Réformée de la Somme
s’est engagée depuis longtemps dans ce dialogue sur Amiens
et il y a 4 ans est venue jusqu’ici pour le vivre avec vous.
Nous sommes conscients de la richesse que cela représente
pour notre communauté. Notre foi nous invite au respect de la foi
de l’autre, notre foi nous invite à élargir l’espace
de notre fraternité, c’est ce , qu’humblement, que nous
essayons de faire au fil de os rencontres dans l’écoute et
le partage.
Comme je vous le disais vendredi, au sein du protestantisme
le pasteur n’a pas l’autorité seul, elle est partagée
avec un conseil élu par la paroisse. Depuis vendredi je n’ai
pas pu partager avec le conseil quels engagements nous prenons pour l’avenir
mais j’aimerais toutefois vous dire quelque choses, aussi pour ce
faire permettez moi de quitter ma robe pastorale, signe de communion ecclésiale
et d’autorité partagée, afin d’être simplement
devant vous Olivier FIHOL (le pasteur quitte sa robe pastorale).
Il est important de poursuivre ses temps, de les penser, d’en
élargir l’impact, d’en parler autour de soi afin que
l’on voit qu’il est possible, avec des chemins de foi, de philosophie
divers, de témoigner ensemble d’une humanité apaisée.
Je poursuivrai l’interpellation de ma communauté et veillerai
à accompagner mon conseil de paroisse à poursuivre son engagement
afin que ma présence soit signe de la volonté de ma communauté
à marcher sur ce chemin de dialogue au service de la paix.
Si nous sommes divers dans nos chemins de réflexion nous
sommes porteurs, nous sommes habités du même souffle de vie.
Le dialogue et le partage nous aident à éviter que ce souffle
ne devienne tempête s’élevant les uns contres les autres
en détruisant alors l’image et l’être de l’homme
. Le dialogue et le partage permettent cette maîtrise du souffle de
vie en nous pour que la vie autour de nous reste un souffle léger
empreint de sérénité et de joie.
Pasteur Olivier Filhol